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Par Girondine

A découvrir : une liste de ceux qui ont été appelés des « demi-soldes ». Sous officiers ou officiers de l’Empire, ils avaient été licenciés de l’armée après la chute de Napoléon. Rentrés chez eux ou restés sur place, il leur a fallu composer avec une nouvelle vie et maigre retraite.

Les partisans du nouveau régime de la Restauration, les soupçonnaient, à tort ou à raison d’entretenir des « mauvaises opinions ». Aussi ont-ils été l’objet d’une surveillance dont on trouve trace aux archives départementales
Les maires des communes où ils résidaient avaient été sollicités : ils devaient faire connaître où avait servi l’officier « pendant l’usurpateur », ses opinions politiques, ses liaisons habituelles, ses moyens d’existence. C’est le résultat de ce questionnement que l’on trouve sous la cote 3 R 4.

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Le chercheur peut consulter des feuillets (classement par arrondissement) comportant des listes de noms, avec en regard une appréciation plus ou moins développée. Il arrive que le maire ajoute une note très personnelle. Le Sous-préfet apporte parfois un autre éclairage.

La liste présentée en annexe reprend les noms qui figurent sur ces feuillets : des demi-soldes qui résidaient en Gironde en 1816, parfois 1817 ou 1818.

On peut noter sur la liste ci-jointe que certains officiers portent l’indication d’un numéro. C’est celui qui est porté, à gauche, en marge des feuillets, ce qui devrait faciliter la recherche dans le document déposé aux archives. Pour les autres, sans numéro, il faut chercher à partir de l’arrondissement supposé (Bordeaux, Libourne, Blaye, Lesparre, La Réole et Bazas).
Certains officiers ont pu bénéficier de plusieurs notes ; aussi le chercheur devra-t-il consulter toute la liasse.

Un complément : le site ancestramil. On peut y consulter des listes de demi-soldes. Classement par grade et par catégorie.
Sur Google taper : ancestramil demi soldes.
Seuls 83 noms de demi-soldes girondins ont été retrouvés (marqués sur la liste en annexe par un astérique) sur les listes du site ancestramil.
Pour eux, le chercheur bénéficie de deux indices : la date d’entrée en service et le nombre d’années de campagne.
Ce qui nous permet de savoir que Emmanuel Vidau de Cadillac, entré en service en 1813, a été licencié avec le grade capitaine après une année de campagne. Par contre Gabriel Fouassier, chef de bataillon, de Libourne comptait 31 années de service depuis son entrée en1784.

Pour en revenir aux commentaires relevés sur les feuillets des archives de la Gironde, vous trouverez ci-dessous quelques exemples.

Saint Emilion – arrondissement de Libourne
TROQUARD Toussaint, capitaine : bonne conduite aincy que la moralité quant a son devouement au Roy cela est tres douteux
- note du Sous-préfet : mauvais quant à ses opinions politiques. Ci devant cordonnier.
Bordeaux
GRESSIER , sous-Lieutenant : à Bordeaux depuis le mois d'août 1814, a servi pendant l'usurpateur, avant le retour du tyran. Son opinion était bonne; mais le désir de servir lui fit adopter le système de l'usurpateur. Depuis sa rentrée dans ses foyers, il a reconnu ses erreurs et tient une conduite irréprochable; bonnes mœurs & et bien éduqué. La famille avec laquelle il vit est très dévouée au Roi. Sans autres moyens.
- en marge : rue Porte-Dijeaux n° 41
BRAUDIERE, Lieutenant: cet officier qui est natif de St Loubès (Gironde) ayant perdu ses père et mère, est à Bordeaux, avec son frère, chez son oncle, le sieur Laborde, ancien boulanger, partisan de l'usurpateur. Depuis son retour de l'armée de la Loire, il sort rarement de chez lui et ne fraie avec personne. Son caractère parait être assez doux mais il a peu de moralité et partage l'opinion de son oncle.
- en marge : cet officier vit avec un de ses oncles qui est boulanger rue Quiberon n° 12
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Margaux - arrondissement de Bordeaux
BENSAC, Capitaine retraité après 23 ans de service au 20° de ligne: ayant repris du service sous l'usurpateur après le 20 mars et par cette conduite montré le peu de dévouement au Roi, il ne peut espérer que de sa bienveillante Bonté une pension étant sans aucun moyen d'existence ni par lui-même ni de sa famille.
- note du Sous-préfet : il résulte des renseignements particuliers prononcés sur le compte de cet individu que cet officier est un mauvais sujet qui ne fréquente que les paysans et les ouvriers; qu'il passe son temps dans les cabarets ou à la chasse et qu'enfin il ne peut en aucun cas être employé au service du RoiLaruscade - arrondissement de Blaye
ARDOUIN Gabriel, Lieutenant au 45° de ligne et BLANCHARD François Lieutenant et légionnaire arrivé à Laruscade en 8bre 1815 après Ardouin : très bonne conduite. Moralité digne d'éloges. Preuves de dévouement au Roy pour leur empressement à seconder le maire pour la réunion et tout ce qui intéresse l'ordre public. Se tenant tranquilles chez eux et se livrant aux occupations de l'agriculture. On n'a que du bien à dire de ces deux officiers. L'un d'eux, Blanchard vient de se marier. Le maire 22 07 1816Pour ce dernier exemple le questionnement différait quelque peu : il concernait « les officiers sans troupes qui ont été employés activement du 1 janvier 1815 au 30 novembre 1815 ».
La Teste - arrondissement de Bordeaux
VOISIN : je n'ai point connu particulièrement la conduite ni l'opinion de m. Voisin. Cet officier arriva à La Teste vers la fin juin. Je ne l'ai vu que très rarement. Le 22 juillet lorsqu'on abattit le pavillon tricolore M. Voisin avait fait une partie sur le bassin avec les trois officiers qui étaient ici. Lorsqu'ils furent de retour le soir, M. Voisin fit (m'a-t-on dit) de fortes menaces de punir ceux qui avaient abattu ce pavillon sans en avoir reçu l'ordre. Le lendemain 23, ayant repris mes fonctions, je fis arborer le drapeau blanc avec beaucoup de solemnité ; il se rendit à cette cérémonie, mais les autres officiers ne parurent point.
Le dimanche suivant pareille cérémonie a eu lieu à l'église; cet officier s'y trouva aussi. Quant à ses liaisons particulières, ici on m'a dit qu'il sortait peu mais que quand il sortait, il ne fréquentait que ses officiers et les autorités constituées d'alors. Le maire 22 Xbre 1815
- note du Sous-préfet : le sr Voisin dont il est ici question ne m'est nullement connu, mais les principes de mr le maire de La Teste me le sont tellement que l’on peut s'en rapporter.

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Appel à contribution : la production de la liste présentée en annexe ne constitue qu’une approche très partielle et imparfaite de cette catégorie de militaires dits « demi-soldes ». Toute contribution que ce soit sous forme de témoignage, d’anecdote ou le résultat d’une recherche plus élaborée serait la bienvenue.


Pour toute information complémentaire ou recherche dans un dossier : armee-girondine@cahiersd'archives.fr


(05/2014)