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Par D.Salmon Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

De tous temps les sanctions frappant les faux-monnayeurs ont été particulièrement sévères. Si pendant quelque temps, à la Révolution, la loi ne prévoit plus qu’une condamnation à quinze années de fer, la loi du 14 germinal an XI revient à la peine de mort et sa rigueur influence le Code pénal de 1810. A Bordeaux, deux amateurs paieront de leur vie une tentative avortée de fabrication de fausse monnaie.

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Le 16 janvier 1808, des cultivateurs de Cestas aperçoivent de la fumée provenant d'une parcelle de pins. En fin de soirée, ils prennent leur fusil, et découvrent, dans un taillis impénétrable, un feu et différents ustensiles. Deux hommes sont là, tapis dans les fourrés. Les cultivateurs les amènent devant le maire qui prévient la gendarmerie.

Jean Gairal est tisserand, a 38 ans et habite Villeneuve d'Agen. Il prétend qu'il vend des mouchoirs sur les marchés. Jacques Lafeuille a 48 ans, habite Marmande, et vit de mendicité.

Dans le bois les gendarmes trouvent trois cent vingt-trois fausses pièces de soixante-quinze centimes ainsi que des formes pour fabriquer des pièces françaises et espagnoles. Gairal et Lafeuille racontent une histoire invraisemblable : n'ayant pas trouvé de place dans l'auberge du pays, ils sont allés dans les bois où ils ont rencontré deux amis qui les ont quittés précipitamment pour chercher des combustibles.

Au cours de l'enquête on découvre que les apprentis faussaires avaient fait faire à un fondeur de Bordeaux deux moules à partir de monnaies authentiques. Ils voulaient ainsi fabriquer des pièces au millésime 1808. Pour remplacer l’argent des pièces authentiques, ils avaient utilisé de l’étain, du plomb et du zinc. Le magistrat de sureté d'Agen signale que Gairal a déjà été emprisonné six mois pour distribution de fausse monnaie.

Les déclarations des deux accusés divergent beaucoup. Visiblement, Gairal est le meneur. Lafeuille, plus naïf, a été attiré par l'appât d'un gain facile.

La fausse monnaie est relativement courante à l'époque. Des pièces de plusieurs types circulent sur les marchés et les foires, nombreux en cette région. Les condamnations ne sont pas rares toutefois il semble qu'il y ait eu peu d'exécutés à mort pour ce seul motif.

Au cours du procès ils maintiennent leur version improbable. Malgré les plaidoiries de leurs avocats M° Barennes et M° Hostein, ils sont condamnés le 14 mars.

Dès le lendemain, " avec une force armée suffisante " *, ils sont conduits dans un tombereau place extérieure d'Aquitaine pour y être guillotinés à 15 heures.
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Sources
*Procès-verbal d'exécution aux Archives départementales. Côte : 2 U 846


(05/2014)