logo T

Par M. Lambert.

A l’évocation de métier dans une grande ville, on pense corporations, savoir-faire, privilèges. Une approche qui se nuance à la consultation de certains documents. La réalité est plus complexe.
C’est ce qui apparaît à la consultation d’une liste de métiers relevés sous la cote C 1810 aux archives départementales réalisée en 1762.

Cet écrit présentait, par catégories, différents corps d’arts et métiers qui exerçaient leur activité dans la ville de Bordeaux. Au total, 87.
Pour chacun est précisé le nombre de maîtres ou chefs d’atelier, ce qui permet de juger de l’importance numérique de telle ou telle formation.
On peut noter la présence de veuves qui pouvaient tenir boutique après le décès de leur époux.

metiersabordeaux01

 

Le classement dans le document de 1762 était prévu en quatre catégories :
1° les métiers en jurande par statuts édictés par l’autorité municipale ou « métiers réglés »,
2° les métiers en jurande par statuts accordés par lettres patentes du roi ou « métiers jurés »,
3° les métiers régis par des règlements de police- aucun corps de métier ne relève de cette catégorie,
4° les métiers sans aucun statut, ni règlement de police ou « métiers libres ». Leur activité ne fait l’objet d’aucune réglementation professionnelle et ne relèvent que de la police générale des autorités municipales.

Pour en savoir plus :
Gallinato (Bernard), Les corporations à Bordeaux à la fin de l’Ancien Régime, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux , 1992, p.14.

Cette liste est loin d’être exhaustive et ne saurait être le reflet exact de toutes les activités professionnelles exercées dans une ville prospère et commerçante, à quelque niveau que ce soit. Pas de courtiers, notaires, négociants, ni de portefaix, porteurs de chaises, domestiques, etc.
Cette liste ne concerne, sauf exception, que des métiers exercés dans Bordeaux intra-muros. Dans les sauvetés de Saint-André ou de Saint-Seurin, l’application des règles quand il y en avait, était beaucoup plus relâchée.

Les Archives départementales et, en moindre mesure, les archives municipales de Bordeaux conservent des documents qui permettent l’esquisse de la vie de certains corps de métiers, en particulier ceux qui relevaient des métiers « réglés ».
Dans la série C des AD 33 (C 1692 et suivants), on peut consulter certains registres de délibérations de diverses communautés. On peut y découvrir tout ce qui relève de la « réception » d’un postulant au titre de « maître », les difficultés de trésorerie, parfois, de la communauté, les quelques procès intentés vis-à-vis de corporations concurrentes, bref de tout ce qui peut relever de la vie d’une communauté de gens de métier. L’écriture malhabile et une orthographe parfois phonétique peuvent rendre la lecture laborieuse. Mais ces difficultés, relatives, peuvent, au contraire, être appréciées. Ne sont-elles pas la conséquence d’un témoignage teinté d’authenticité ?

Vous voulez savoir quelles sont les archives consultables pour certains métiers ? Faites-vous connaître. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Ci-dessous un extrait du tableau qui résume la situation des différents corps de métier.

Métiers jurés

Nombre

Métiers réglés

Nombre

Métiers libres

Nombre

Apothicaires

13

Bouchers

30 – 17 veuves

Bouviers

36

Architectes

27

Boulangers

41

Cafetiers limonadiers

34

Armuriers

8

Boulanger  pain béni

15 - 3 veuves

Cartiers

11

Arrimeurs

41

Charrons

14

Charretiers

76

Bonnetiers et ouvriers en broche

7 – 2 veuves

Cordiers

16

Coffriers Gueniers
Bahutiers
Eperonniers

4 bahutiers
Gueniers
4 coffriers
4 avironniers
4 éperonniers

Boutonniers

36

Fabricants de bas

5

Commissionnaires de sucre et autres marchandises sèches

61

Chapeliers

13

Mesureurs de sel

13

Commissionnaires en blé

13

Charpentier de haute futaie

27

Sacquiers

60

Constructeurs de vaisseaux

28

Chaudronniers

12 – 25 veuves

Selliers
Bourreliers

10 – 5 veuves

Cordiers

 

 

Télécharger le tableau complet (Pdf)


(05/2013)