Par Girondine C’est un motif de contravention qui revient régulièrement dans les procès-verbaux des séances du tribunal de simple police du canton de Pessac à partir de l’année 1853. |
Certains, mieux organisés, avaient aménagé une civière sous la charrette, comme le mentionne plusieurs procès-verbaux,
ainsi « Jean Guillaume, domestique, a été trouvé couché et endormi dans une civière suspendue au dessous d’une charrette attelée de quatre chevaux » - juillet 1854
Lire les comptes rendus des audiences des jugements de simple police de la Justice de paix relatifs à la route pour les années 1853 et suivantes, c’est sortir de notre temps, de notre espace. Pour illustrer ces propos, on peut s’amuser à répondre à la question suivante : Quel temps mettait une charrette de foin attelée par deux bœufs pour aller de Pessac à Cestas, soit environ 13 kilomètres sachant que la vitesse de croisière de l’attelage était inférieure à 4 kilomètres à l’heure ?
Le canton de Pessac était particulièrement concerné par ce que l’on appelait la « police de roulage »
Carte de la Gironde (Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Pessac (1502 hab.), Gradignan (1630 hab.), Villenave d’Ornon (1370 hab.), Canejean (324 hab.), Cestas (865 hab.), Saint Jean d’Illac (527 hab.), des communes bien placées sur le passage de trois grandes routes : celle qui va vers Bayonne, celle qui conduit à la Teste, et plus modestement celle qui permet de rejoindre Arès. Un beau terrain de chasse pour les traqueurs de contrevenants.
Un nouveau texte relatif à la Police de roulage, de nouvelles infractions
Une loi, celle du 30 mai 1851, complétée par le décret d’exécution du 10 août 1852 pénalisait, sans doute, des usages pratiqués depuis des temps immémoriaux.
Documentation à consulter sur Gallica : Traité de la police de roulage Les premières pages exposent le texte de la loi avec la présentation, en parallèle, les dispositions du décret d’août 1852. Les pages suivantes développent les modalités d’application de tous ces articles : motifs des contraventions, condamnations, responsabilité civile, instruction des affaires, jugements, etc. |
Cette loi permettait de verbaliser les conducteurs endormis, qu’en était-il des autres motifs de infractions ?
Ci-dessous quelques exemples :
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N’a pas laissé céder la moitié de la route aux autres voitures (1 verbalisation)
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A laissé stationner sa charrette route de Bayonne (1 verbalisation)
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N ’avait pas de plaque ou sa plaque était illisible (3 verbalisations). Une infraction que l’on retrouve dans tous les cantons.
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A abandonné sa voiture ou sa charrette (2 contraventions)
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Excès de vitesse : « on a rencontré dans la traversée de Pessac Mathieu Charlas monté sur un cheval qu’il avait lancé au grand galop » et plus tard « des voitures qui suivent au grand galop » (2 contraventions)
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Le conducteur était « hors d’état de guider et de conduire » ; ceci pour plusieurs raisons : « il était monté sur le derrière de la voiture », « il tournait le dos aux chevaux » « il était couché sur la charrette sans avoir en mains les guides de ses mules », « il était à 200 mètres derrière la charrette », etc. (9 contraventions)
D’autres contraventions ont également été relevées en infraction aux arrêtés du préfet ou à ceux du maire d’une commune.
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Un domestique « faisait pacager cinq chevaux sur le chemin vicinal à Villenave d’Ornon »;
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pour un autre c’était « cinq vaches et une génisse » qui broutaient sur une route;
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le jeune Dubos (6 ans) « faisait paître une vache qu’il tenait par le col sur un chemin »,
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et ce sont « trois vaches qui ont été trouvées sur un chemin vicinal » : (4 contraventions)
Il y avait aussi des infractions spécifiques relevant d’accords passés entre des entreprises de voitures publiques et les mairies
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La voiture n’est pas partie à l’heure fixée (5 contraventions)
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Le conducteur « a abandonné le marchepied » ou « abandonné le marchepied et laissé monter 3 enfants sur le marchepied » (2 contraventions)
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La voiture s’est arrêtée devant une auberge pour prendre un voyageur (1 verbalisation)
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Le conducteur avait fait stationner la voiture omnibus sur la place publique sans autorisation (1 contraventions)
En infraction du code pénal, un entrepreneur de bâtisses avait déposé de la pierruche ou des bris de pierres sur un chemin
Que risquaient les contrevenants ?
Les peines avaient été fixées par lois ou décrets. Il était possible de plaider les circonstances atténuantes. La récidive alourdissait la sanction.
Quelques exemples :
Pour ceux qui ont été trouvés hors d’état de guider leur cheval : 6 f d’amende à 10 f
Ceux qui ont été trouvés endormis 6 à 10 f – en cas de récidive 15 f d’amende et 2 jours de prison
Un défaut de plaque ou une plaque illisible : de 1 f à 6 f
Pacage illicite : 2 f et en cas de récidive 5 f et 1 jour de prison
Précision : une journée de travail d’un journalier rapportait environ 1f (pour un homme).
Toutes les peines étaient assorties des « dépens », c'est-à-dire au remboursement d’une partie des frais de procédure. Soit une somme qui pouvait se monter de 4 francs jusqu’à10 f. S’ajoutaient les frais d’expédition.
Il faut noter que les parents d’un mineur ou les maîtres étaient civilement (et non pénalement) responsables de leur enfant ou de leur employé. Aussi les uns et les autres étaient-ils convoqués au tribunal. Il arrivait au juge de décider que l’amende et les dépens seraient payés solidairement par le patron et son domestique.
Le produit des amendes
Une partie était versée jusqu’à concurrence d’un tiers aux agents qui avaient fait le constat d’infraction (garde-champêtre, gendarmes, ambulants des Ponts et Chaussées, etc.). Les deux autres tiers étaient versés au Trésor Public qui les attribuait au département si l’infraction avait été constatée sur une route impériale ou départementale ou à la commune s’il s’agissait d’un chemin vicinal.
Les infractions du canton de Pessac étaient-elles spécifiques du canton ?
Les décisions des tribunaux de simple police des autres cantons relèvent surtout le manque de plaque, la vitesse excessive des chevaux dans les villages, le pacage inapproprié des bêtes sur les chemins, les stationnements illicites et la non-maîtrise des guides. Il est fait peu cas de conducteurs endormis …
Sources : ADG33 4 U 45 et 46
Un procès verbal - ADG33 4 U 46
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Le Ministère public/ Pierre BarsacEntre le Ministère public poursuivant dans l'intérêt de la vindicte publique d'une part, Sur quoi : |
(01/2014)