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Castelnau Médoc – 1810

Par Girondine.

1810 - Un moulin à Castelnau, au lieu le Foulon. Un ruisseau, le Dehès faisait tourner les roues. Des « particuliers » pour rouir leur chanvre avaient fait quelques aménagements : construction de batardeaux, mise en place de mottes de « gazon ». Ce qui gênait l’écoulement des eaux. Le propriétaire du moulin, se référant à un arrêté du Préfet avait fait citer à comparaître les fauteurs de troubles.

Le Déhes  à Castelnau

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1810
 - Un ruisseau : le Déhes. Il prend sa source vers Saint Raphael au sud de Castelnau  et se jette dans la Jalle de Castelnau. Sur ce ruisseau, un moulin au lieu-dit « au Foulon ». Fonctionnait-il toujours comme un moulin à foulon ? Ce n’est pas certain. Le propriétaire, un dénommé Damas, a fait constater le 20 septembre 1810 par l’adjoint au maire de Castelnau « que divers particuliers mettent rouir leur chanvre dans le ruisseau, appelé le Déhes, que par cette entreprise le cours des eaux est arrêté ». Aussi a-t-il fait citer trois hommes et une femme habitants des lieux-dits de village voisins, situés en amont du moulin, à comparaître devant le Tribunal de Justice Rurale. (Lire texte en annexe).

Audience du 25 septembre : le Sieur Damas demande que les parties citées « fussent déclarées en contravention à l’arrêté du Préfet du 3 fructidor an 9 », qu’elles soient condamnées aux peines de simple police et « davoir à enlever dans les 24 heures le chanvre... et dans le même délai d’enlever les batardeaux et gazons... et aux dépens ».
Raymond Castaing, Guille, Marie Baulé dite Mariotte et Seguin se défendent : ils ne connaissaient pas l’arrêté du préfet. Ils ont fait ce qu’ils avaient fait de tous temps. Ils précisent qu’il y a « plusieurs particuliers soit dans la commune d’Avensan,  Salaunes, Sainte-Hélène qui comme eux ont mis à rouir leur chanvre dans le même ruisseau »... » « ils doivent contribuer à rétablir le cours des eaux »... et être mis en cause.

Audience du  20 octobre. Outre les quatre déjà cités, ils sont 30, entassés,  à comparaître. Ils sont venus d’Avensan (16),  de Castelnau (4),  de Sainte-Hélène (1), et de Salaunes (1). Deux ne se sont pas déplacés.

Les personnes présentes ont avancé pour leur défense les mêmes arguments que lors de l’audience précédente : leur méconnaissance de l’arrêté du Préfet et un usage habituel du rouissage dans ce ruisseau.

Arrêté du Préfet du 3 fructidor an 9 (21 août 1801)
Les maires notifieront sur le champ aux propriétaires des chanvres qu'ils ayent à les oter dans vingt quatre heures, des fontaines, Ruisseaux, fosses, et générallement de toutes les Eaux ou abreuvoirs des animaux domestiques.
Faute pour eux d'obéir, les chanvres seront otés à leurs frais et les adjoints traduiront les délinquants devant les tribunaux de police pour être condamnés aux peines prévues par les Lois.

Deux hommes – ils n’ont pas été contredits - ont déclaré ne pas avoir mis de chanvre à rouir. Ils ont été relaxés.
Tous les autres ont été condamnés : «  à enlever dans huitaine le chanvre qu’ils ont mis à Rouir dans la jalle ou Ruisseau de Dehes, et dans le même délai à détruire les batard d’eau qu’ils avaient élevés et Récurer la dite Jalle dans tous les Endroits où Ils peuvent l’avoir Comblée afin que les Eaux aient leur libre cours, leur fait inhibitions et d’effances de récidiver a lavenir a telle peine que de droit et les condamne a tous les dépens... ».

Ont été cités à comparaître :

Avensan : Marie Baulé dite Mariotte (Leujean), Seugin ( Pimbalem), Page, Munier,
Bertrand Raymond, Veuve Jean Goffre,  Jean Constantin, Pierre Goffre
Guillem Boy, Moreau dit Crause, Raymond Poujeaux dit Pessac
Bertrand Boy, Arnaud Maurin, Guillaume Pagau, Jean Giraud, Jean Adema, Arnaud Hostin
Sainte Hélène : Raymond Castaing (Surt), Guille (Gemeillan), Guilhem Boy dit hacha (Surt)
Castelnau : Feron ? dit Cote, Arnaud Eyrem, Dubos dit Guidere
Salaunes : Toules, Bedet, Arnaud Seguin, Berneche et Baron
Deux absents : François Camin et Crec

Sources : ADG  4 U 18/24

Pour en savoir plus sur le travail du chanvre :

Rouir : faire tremper dans l’eau pendant un certain temps, les plantes textiles, afin de séparer la partie filamenteuse utilisable, de la matière gommeuse et résineuse qui en unit les diverses fibres…En général le chanvre était roui en eau morte, tandis que le lin, pour rester blanc, était roui en eau courante. Source : LachiverOn peut aussi télécharger sur Gallica :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58377648.r=chanvre.langFR
Recueil de Mémoires sur la culture et le rouissage du chanvre.  1787

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Texte du 20 septembre 1810

Mairie de Castelnau
Aujourd'hui vingt septembre mil huit cent dix,
Pardevant nous Adjoint du Maire de la commune de
castelnau, est comparu Mr Antoine Damas, propriétaire,
domicilié de cette commune, lequel se plaint que divers
particuliers Mettent Rouir leur chanvre dans le Ruisseau
appelé le Ruisseau de Déhès lieu de Lagrausse que par
cette entreprise le cours des esaux est arrêté, ce qui porte
un préjudice considérable au comparant à raison du moulin qu'il
possède au lieu appelé au foulon présente commune; à
cet effet ledit sieur Damas nous requiert qu'il nous
 plaise vouloir nous transporter sur les lieux sus relatés à
quoi ayant obtempéré et ou etant en sa compagnie le dit sieur
Damas nous aurait fait remarquer et nous aurions reconnu
que dans la partie du midi dudit ruisseau en longeant vers
le nord environ cinq cent pas une quantité considérable
de chanvre rouissait dans ledit ruisseau, que pour en faciliter
le rouisssage les particuliers avaient pratiqué des batards d'eau
et avaient en differents endroits elevé du gazon, ce qui empeche
les eaux de secouler vers leur destination, en sorte que le
moulin du comparant ne peut moudre, attendu le deffaut d'eau;
le dit sieur Damas nous aurait également fait remarquer
et nous aurions reconnu que dans la partie du midi dudit
ruisseau à prendre au pont de lagrausse en suivant dans
la partie du nord environ deux cent pas, le ruisseau était
totalement comblé par l'effet des motes de gazon qu'on avait
élevées et hors d'état de pouvoir laisser un libre cours aux
eaux; qu'il est instant qu'il soit recuré avant la saison
pluvieuse dans la partie sus relatée.

il parait par les divers rapports qui nous ont été faits que
les nommés Raymond Castang du village des surts commune
de sainte hélène, Guille de Gemeillan, Marie Baulé de Leogean
dit Mariotte et Seguin de pimbalem sont en partie les auteurs
du délit dont se plaint ledit sieur Damas, de tout quoi
avons dressé le présent procès verbal en execution de l'arreté
de Monsieur le Préfet du 3 fructidor An 9. Art 1er, pour
être remis à l'huissier de La Justice de Paix du canton de
Castelnau qui est chargé de citer devant le Tribunal de la
Police Rurale les denommes ci dessus; le Sieur Damas
a signé avec nous

Fait le jour et an susdit
Illisible  Dama


(09/2013)