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Par D.Salmon Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

La disparition de l'ancien régime n'a pas entrainé l'abandon de tous les préjugés. Des comportements obscurantistes subsistent dans les campagnes pendant tout le XIX° siècle. Certains personnages, aux attitudes inhabituelles, sont réputés sorciers. Une mauvaise réputation coutera la vie à Jean Ithier, habitant de Massugas.

La commune de Massugas, près de Pellegrue dans l'entre deux mers, est, en 1809, le théâtre d'un fait divers d'un autre âge. C'est pourtant à l'époque une commune prospère qui vient d'absorber sa voisine de Saint-Martin-de-Servole. Elle compte 665 habitants, soit trois fois plus qu'aujourd'hui.

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Les voisins de Jean Ithier, dit Major, sont persuadés qu'il possède des pouvoirs surnaturels. La rumeur court dans les environs qu'il peut, à sa guise, donner le mal ou le faire disparaitre.

Justement, à proximité de sa ferme, un nommé Labrousse, est victime d'une maladie chronique. Il s'affaiblit de jour en jour. Son frère, comme toute la famille, est convaincu qu'Ithier lui a jeté un sort. Il se rend chez lui et le somme vigoureusement de lever le maléfice qui ronge le malade. Le malheureux Ithier se demande ce qui lui arrive. Il refuse, et pour cause. Malgré ses dénégations et ses appels à la raison Labrousse ne veut rien savoir. Il menace à plusieurs reprises de le tuer. 
           
L'oncle Labrousse meurt le 1° juin 1809.

Le 4 juin, c'est la fête votive à Massugas. Le sorcier va tomber dans un piège.

Le fermier Lagroze invite plusieurs amis à souper. Il y a là le père Labrousse et son fils Jean, dit Broussin, un cultivateur, âgé de19 ans. Mais Lagroze a aussi invité Jean Ithier. Pendant le repas Lagroze interpelle Jean ; il lui explique comment Ithier a donné la maladie à son oncle. Le jeune Labrousse, déjà bien échauffé par l'ambiance familiale (et sans doute aussi par la boisson), est très ému de ce qu'il entend.

A la fin du repas un des convives, pressentant le drame, propose de ramener Ithier chez lui ; le fils Labrousse s'y oppose.

Vers dix heures du soir cinq personnes quittent la ferme. Avant de partir Jean Labrousse, sous le prétexte de se protéger des rodeurs, récupère une grosse barre de saule qui bloque la porte de la grange.

Ils se séparent au lieu-dit Labattut. Puis le fils Labrousse revient discrètement sur ses pas et, au lieu-dit les chênes de Noureau, porte un coup terrible au sorcier qui s'écroule, mort...

L'assassin rentre chez lui pour se vanter de son acte. Il est très satisfait d'avoir vengé la famille. Sa mère le blâme vertement mais le père se tait, ce qui lui vaudra, plus tard, d'être inculpé comme complice.

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Le père et le fils Labrousse sont tout de suite soupçonnés. Ils sont arrêtés et jugés à Bordeaux le 29 août 1809. La préméditation ne fait aucun doute. Le père est acquitté. Le fils, malgré son jeune âge, est condamné à mort. Il semble que le jury, soit intervenu auprès de l'Empereur pour demande la grâce. Napoléon la refusera au motif, nous dit le journal de l'Empire, qu' " un acte de clémence dans cette circonstance, contribuerait à accréditer une erreur populaire que tous les hommes éclairés, tous les fonctionnaires, et surtout les ministres du culte, doivent s'efforcer de déraciner ".

Jean Labrousse, vêtu de la chemise rouge, est guillotiné le samedi 18 novembre 1809, vers quinze heures trente. De nombreux témoins sont venus assister à son supplice place d'Aquitaine (aujourd'hui place de la Victoire).

La place d'Aquitaine où était dressé l'échafaud
(Bibliothèque de Bordeaux)

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Sources

  • Archives départementales de la Gironde.

  • Journal de l'Empire (Gallica).


(09/2013)