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Par D.Salmon Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

A la fin du XVIII° siècle et au début du XIX° siècle des bandes organisées sèment la terreur dans les campagnes. La presse les appelle " les chauffeurs " car ils brulent les pieds de leurs victimes pour extorquer l'endroit où ils cachent leurs économies. Les plus connus sont les " chauffeurs d'Orgères " qui sont guillotinés à Chartres en 1800. Mais la Beauce n'a pas le monopole de cette survivance du banditisme de l'ancien régime. En Gironde aussi des fermes isolées sont attaquées.


Dans la nuit du 25 janvier 1799, l'arbre de la liberté de Ligueux, près de Sainte Foy, est coupé " à six pouces de terre " (1 ). Des inconnus tirent plusieurs coups de fusil en direction du citoyen Frugière. Ils laissent derrière eux une proclamation royaliste portant une inscription " règne de Louis XVII " et une tête de mort.


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Dans la nuit du 13 aout 1799, l'arbre de la liberté de La Roquille est abattu. Plusieurs coups de feu sont tirés sur la place du village.

Le 6 février 1800, à 9 heures du soir, deux brigands masqués pénètrent chez Pierre Dumazeau à Tourneyragues. Ils s'annoncent comme chasseurs basques à la recherche de volontaires. Ils garrottent la femme puis prennent de l'argent, une montre et des comestibles.

Le 19 février 1800, à Pineuilh, Pierre Mangon est attaché les mains derrière le dos. Le pistolet sur la poitrine, il livre argent, linge et armes. Sa maison est néanmoins dévastée. Les bandits lui font crier "Vive le roi" puis lui coupent les cheveux "au ras de la tête" (1).

Dans la nuit du 26 février 1800 des bandits entrent brutalement chez Marie Moreau, à Taillecavat. Ils s'emparent d'une somme d'argent et d'un fusil à deux coups. Ils lui arrachent l'anneau d'or qu'elle porte aux doigts.

Le 28 février 1800, trois brigands armés de fusil et baïonnettes pénètrent chez Raffé, à Tourneyragues. L'un est barbouillé de rouge, un autre de noir. Ils prennent la clé de l'armoire puis dérobent argent et provisions diverses. Ils déchirent, avant de partir, un tableau représentant un hussard de la République.

Le 2 mars 1800, à Caplong, Jean Puisseau est trainé près du feu et menacé d'être brulé vif. Les malfrats emportent du linge et un cochon mort.

Le 3 mars 1800, cinq brigands entrent, pistolet à la ceinture, chez Jean Raymont, assesseur du juge de paix de Sainte Foy. Ils coupent les cheveux à tous les hommes avant de prendre argent et linge.

Le même jour, ils arrachent, du doigt de l'épouse Grenier, à Margueron, " deux méchants anneaux d'argent " (1). Ils boivent et mangent. Ils coupent les cheveux des malheureux et les somment de crier " Vive le roi ", tout en déchargeant leurs fusils.

Puis ils vont chez Baty Jean, où ils dérobent une bourse d'argent. La virée continue à Tourneyragues, où ils bandent les yeux à la cousine Baty et prennent l'argent provenant de la vente d'une vache.

Le 11 mars 1800, ils menacent Louis Gautier, à Riocaud, de le faire bruler. Ils emportent de l'argent et un pain de dix-huit livres.

Le 1 avril 1800, quatre brigands reviennent chez Ducoux, à Riocaud. Ils installent le vieillard devant le feu, le menacent puis lui coupent les cheveux et à Marguerite, son épouse, " les poils des parties sexuailes " (1).

La même nuit, la servante de Guignard, cultivateur à Riocaud, est tondue.

Le 30 juillet 1800, un brigand embusqué derrière un arbre tue Henry Ruquer, à Riocaud. Ce régisseur honni reçoit 27 grains de gros plomb.

Le 24 décembre 1800, la ferme du nommé Eyriaud, à Margueron, est envahie. Les malfaiteurs prennent la clef de l'armoire, volent le linge et une montre d'argent. Puis ils vont chez Mondin, dit Labusquette. Pour le voler ils le frappent de plusieurs coups de sabre.

Huit jeunes hommes sont arrêtés : Simon Turbanie, 20 ans, bouvier ; François Demestre jeune, 21ans, cultivateur ; Pierre Baillon, 18 ans ; François Demestre aîné, 23 ans, cultivateur; Pierre Belleau, 22 ans, meunier ; Pierre Lafon, 22 ans, tailleur de pierres ; Jean Grasset, 20 ans, marchand de bétail, et Jean Labbé, 32 ans. Ils résident, pour la plupart d'entre eux, en Lot et Garonne mais connaissent bien la région de Sainte Foy.

Ils sont jugés à Bordeaux du 7 au 16 janvier 1802. L'acte d'accusation retient une vingtaine de méfaits : destruction d'arbres de la liberté, vols, violences diverses et assassinat.

L'écho de Bordeaux précise : " les crimes qu'on leur impute font frémir l'humanité " (2). Ils sont défendus par de jeunes avocats : Me Desgranges, Me Martignac Fils et Me Peyronnet. Leurs brillantes plaidoiries ne suffisent pas à convaincre les jurés.

Simon Turbanie, François Demestre jeune, Pierre Baillon, François Demestre aîné, Pierre Belleau, Pierre Lafon, sont condamnés à mort, Jean Grasset est acquitté, Jean Labbé est renvoyé devant le tribunal du Lot et Garonne.

L'exécution des six hommes a lieu, place extérieure des salinières (3) le 15 mars 1802. C'est la dernière d'une telle importance à Bordeaux.

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Sources

  1. Compte rendu du procès. Archives départementales. Côte : 2 U 840
  2. L'écho de Bordeaux. Bibliothèque municipale de Bordeaux.
  3. Aujourd'hui place de Bir Hakeim.

(01/2014)