Martine Lesgards Août 1914. Mobilisation générale. Les jeunes hommes sont partis. Très vite il est apparu que certains ne reviendraient pas.Cependant, à Pessac la vie continuait.La Justice poursuivait son cours… Petites causes |
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Sous la cote 4N134, on peut lire les jugements suivants :
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Ont été condamnés à une amende : Le 3 Novembre 1914 le Sieur Jean Marsat, serrurier à Pessac, pour vol de pieds de maïs dans le champ de M. Perandeau cultivateur à Noès. |
Sous la cote 4U 33/108 les audiences publiques de la Justice de Paix du canton de Pessac en 1914 mentionnent plusieurs affaires.
Contestation de sommes dues: affaire Lagrange-Lalusse Août 1914 : Les Lalusse et consorts sont cités à comparaitre pour s'entendre condamnés à payer à Monsieur Lagrange boulanger à Bordeaux, le demandeur, la somme de 156 francs cinquante centimes pour fourniture de pain. |
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Litige relatif à des marronniers plantés en mitoyenneté : affaire Maurin-Léon
Octobre 1914: Monsieur Léonce Léon est cité à comparaitre pour s'entendre condamner à enlever immédiatement deux arbres, deux marronniers, qui n’ont pas été plantés à la distance requise de la propriété du demandeur, Monsieur Maurin, et au paiement d’une astreinte de 25 francs par jour de retard.
Restitution d’un local : affaire Dubos-époux Larrue
Décembre 1914: les époux Larrue sont cités à comparaitre pour s'entendre condamner à vider le local que Monsieur Dubos, le requérant, leur avait laissé pour les indemniser de garder et entretenir les allées de son jardin. Engagement que les époux Larrue n’ont jamais tenu.
Bicyclette démolie : affaire Laurent-Guilhem et Nash
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Septembre 1914 : madame Guilhem, blanchisseuse, est citée à comparaitre pour s'entendre condamner à payer au Sieur Laurent, demeurant à Bordeaux, la somme de 200 francs représentant la valeur d'une bicyclette appartenant au requérant et qu'elle a complètement démolie en la heurtant avec la charrette qu'elle conduisait. |
(2015/12)
Monique Lambert
En septembre 1914, sur le front, bien des soldats mobilisés découvraient le vrai visage de la guerre. Déjà beaucoup de morts. A l’arrière, à Bordeaux en particulier, certains ont vécu d’autres réalités.
Pendant quelques mois, en 1914, Bordeaux est devenue la capitale de la France.
Le président de la République et les membres du gouvernement étaient arrivés à Bordeaux le 3 septembre 1914.
Raymond Poincaré fut installé 17 bis rue Vital Carles, tandis que le président du Conseil René Viviani était hébergé à l’Hôtel de Ville. Quant aux ministères, ils s’étaient dispersés dans la ville. Le ministère de l’Intérieur à la Préfecture, la Justice au Palais de Justice. Les Finances avaient investi la Faculté de Médecine place de la Victoire. Le Ministère de la Guerre occupait la faculté de Lettres et Sciences (actuel Musée d’Aquitaine).
Les Chambres n’avaient pas retrouvé le cadre prestigieux du Grand Théâtre. Elles ont dû se contenter de deux music-halls de la rue Judaïque, l’Alhambra et l’Apollo !
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L'apollo L'Alhambra
Extraits du journal l’Intransigeant du 19 septembre 1914
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Le gouvernement est resté à Bordeaux jusqu'au 8 décembre 1914
(11/2015)
La commune de Saint-Denis-de-Pile a accueilli un hôpital militaire auxiliaire, géré par la Croix-Rouge.
Après la première année meurtrière de 1914, les autorités militaires et sanitaires ont lancé un appel aux municipalités pour fournir des espaces utiles pour la convalescence des soldats blessés, dans une moindre proportion.
Le Conseil municipal et son maire Mr Berger (son fils sera tué en 1917 et il s’est retiré de la vie politique locale, son successeur sera le docteur Sansuc) proposent une partie de l’école des garçons, route de Paris.
La Croix-Rouge accepte et recrute des aides-soignantes bénévoles dans la commune. Une lettre du 15 Août 1918 du Conseil municipal à la Croix-Rouge précise que le Conseil municipal souhaite récupérer l’espace pour en faire une classe dès la prochaine rentrée. Des travaux coûteux sont nécessaires.D’après le cahier des délibérations du Conseil Municipal (1913/1939 – Archives municipales) le bâtiment a été occupé jusqu’en Février 1919. Beaucoup d’inconnues subsistent : nombre de malades, mortalité, durée des séjours, personnel, médecins, etc… |
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En consultant l’Etat Civil de Saint-Denis-de-Pile, on trouve mention du décès de deux soldats combattants :
HOURDIER Joseph Ange, né le 23/04/1881 à La Guerche en Ille et Vilaine, décédé le 11/05/1917. 41° RI. Témoins : Jules CHAUSSE, soldat au 249° RA et Joseph ALONZO, soldat au 2° Zouaves, en traitement,
Acte décès n°19 AD 33 Saint Denis de Pile 1917.
DELRIEUX Jean Félicien né le 27/08/1896 à St Avit Senieur (Beaumont en Dordogne), décédé le 8 /07/ 1917. Soldat au 208° RI, témoins : Isidore AUFRERE, soldat au 272° RA et Sébastien Saulaville, soldat au 133° RI, en traitement.
Acte décès n°26 AD 33 Saint Denis de Pile 1917.
La consultation du site « Mémoires des hommes » apporte quelques informations complémentaires. En particulier la cause du décès.
Source : Francine Guionie, présidente de l' Association "Au Fil du Temps" - Saint-Denis-de-Pile en collaboration avec Jocelyne Dubreuil.
(09/2015)
Par M.Lambert.
Une idée originale : faire travailler des blessés en rééducation chez des agriculteurs. |
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Le domaine de la Solitude, propriété d’une commuté religieuse, avait été réquisitionné en 1914. Avec ses 100 lits c’était une annexe de l’hôpital N° 4 de Grand Lebrun. à Caudéran. Destinée aux blessés n’ayant plus besoin de soins chirurgicaux, tout avait été prévu pour que les malades puissent se rétablir. Etaient mises à leur disposition toutes les ressources des diverses branches de physiothérapie : massages – pratique d’appareils de mécanothérapie, solarium, marche.
« Mais on ne s’en borna pas là. La direction technique essaya du travail manuel, du travail de la terre, du piochage, du bêchage, des transports à la brouette dans les terres de la propriété….L’expérience démontra l’efficacité supérieure des résultats thérapeutiques du traitement ».
90% des blessés étaient d’origine agricole. D’où l’idée de proposer à des agriculteurs de prendre des blessés pour travailler sur leurs terres.
Un règlement a été établi. Un contrat liait les parties. Rien ne semblait avoir été laissé au hasard. Un salaire était prévu.
Plus de 90% des blessés traités par le travail agricole continu ont été récupérés pour le service militaire.
28 000 journées ont été fournies aux agriculteurs de La Brède.
Y a-t-il trace de leur passage ?
En savoir plus : On peut lire le livret rédigé par Marcel Vayssière, conseiller cantonal, maire de Martillac et administrateur avec sa femme de l’hôpital de la Solitude. Une préface du professeur Bergonié précise la qualité de leur collaboration. Gallica : Le travail agricole des blessés à l’hôpital de Martillac |
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Marcel Vayssière et le Professeur Bergonié : les deux hommes se connaissaient bien. Ils avaient à peu près le même âge (56 et 57 ans) tous deux du Lot-et-Garonne, tous deux concernés par ce canton de la Brède. L’un s’était fait une place comme avocat et conseiller général (il finira sénateur) et l’autre, médecin militaire, d’un caractère entreprenant, avait multiplié recherches et expériences. Il peut être considéré comme un des pères fondateurs de la lutte contre le cancer. La guerre de 14 fut pour lui une opportunité pour mettre en pratique des thérapeutiques nouvelles. Les blessés agriculteurs se situent dans ce contexte. Marcel Vayssière |
En savoir plus on peut consulter sur Gallica : Jean-Alban Bergonié (1857-1925) – Médecin militaire. http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx1993x027x002/HSMx1993x027x002x0149.pdf Jean Alban Bergonié |
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On trouvera dans l’ouvrage relatif à l’hôpital de Martillac la liste des agriculteurs qui ont participé à cette « thérapie ».
Quelques propriétaires ayant bénéficié du travail des blessés.
(02/2015)
Par M. Lambert Pendant la durée de la guerre, le bel immeuble, siège à la Chambre syndicale des employés de commerce de la ville de Bordeaux a changé de destination : il est devenu hôpital militaire bénévole. |
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Il a été répertorié très vite : N° 1Bis – « Bis » pour ne pas être confondu avec les autres hôpitaux.
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On peut trouver et télécharger sur Gallica l’évocation de cette aventure, car cela en était une : A télécharger :C’est un témoignage, très marqué par la personnalité de son auteur, un homme qui semblait avoir combiné avec bonheur générosité, gestion et humour. Qui était-il ? Il avait signé A. Bergaud. Après quelques errements, il a été possible de prouver (grâce à Gallica en particulier) qu’il s’agissait de François Albert Bergaud, employé de commerce chez Lalanne, quai des Chartrons, président de la Chambre syndicale des employés de commerce de Bordeaux. |
En 1914, 49 ans, il était marié, sans enfant apparemment. Quelque soit son âge, il ne pouvait partir au front. Il avait été réformé définitivement à 20 ans pour « mauvaise conformation ». On n’en sait pas plus. Cela ne l’avait pas fait obstacle à son dynamisme à la présidence de cette honorable société qu’était alors la Chambre Syndicale des employés de commerce. Créée et autorisée en 1870, elle précisait son but : « Chercher par tous les moyens que pourra suggérer la raison, à réunir les employés de Commerce dans une association libérale qui affirmera leur dignité, élèvera leur esprit et les sauvera de l’isolement » .
Employeurs, négociants, patrons ou chefs de maisons de commerce s’étaient intéressé aux différentes initiatives développées depuis la fondation : caisse de retraite, caisse de secours mutuels, bureau de placement, conférences, cours de langues, dotations de bourses à l’étranger et même… cours d’escrime.
Le 8 novembre 1891, était inauguré le très bel immeuble que l’on peut remarquer de nos jours rue des Trois conils. De très beaux volumes. En ce qui concerne les années qui précèdent la guerre il y a très peu de documents et il est donc difficile de définir les modalités d’occupation des locaux.
Un bâtiment qui n’avait pas été conçu pour recevoir des blessés, un personnel (équipe soignante et ceux qui devraient s’affairer pour la bonne marche d’un établissement un peu spécial) peu préparé à des réalités qu’il a fallu affronter, ce n’était pas gagné ! Pourtant l’hôpital a fonctionné sans interruption pendant toute la durée de la guerre. Pas de pertes financières (une bonne gestion et des dons) et pour les participants (soignants et auxiliaires) une expérience sans doute inoubliable. Quant aux blessés, les témoignages publiés laissent à penser que les survivants avaient trouvé là un lieu d’accueil chaleureux. Sans doute y a-t-il eu des bémols que n’a pas jugés bon de relever M. Begaud.
Quelques pages :
Premiers contacts avec la réalité souffrante :
« Le 26 août 1914, tout était prêt…A 11 heures, cinq voitures arrivent conduisant trente- deux blessés des batailles de Dieuze, Morhange, Lunéville, Nomény, Château-Salins. Tout le monde est sous les rames : sœurs, médecins, infirmières et infirmiers. On débarbouille nos braves soldats, on les change de linge, on les met au lit et la visite commence.
L’impression de cette première visite restera gravée dans notre mémoire. Le médecin-chef Arnozan, avec la bonté qui le caractérise, interrogeait le soldat, sondait la plaie, ordonnait le traitement, puis avec de douces paroles, consolait son blessé. Le dernier soldat à voir était un colonial : Adam, le cuir chevelu gauche arraché, un trou énorme à la boîte crânienne ; la blessure non pansée depuis cinq jours, était vilaine, elle faisait impression, et notre bon docteur de se tourner vers nous, de grosses larmes aux yeux, en nous disant « C’est beau la guerre ! ». Cette exclamation nous est restée dans l’oreille comme la condamnation des carnages et horreurs des champs de bataille. Ce n’est pas dans la mêlée, en pleine action, au bruit des mitrailleuses, des balles et des canons qu’il faut considérer la guerre... Non il faut voir la guerre à l’hôpital, dans cette atmosphère tiède de salle de douleurs... ».
Des cohabitations délicates à gérer :
« Le 14 septembre dans la nuit arrivent huit marocains, armes et bagages. Il est difficile de leur enlever cet arsenal dangereux à tous égards... Un marocain refuse de livrer son révolver ; on lui enlève par surprise l’arme, l’homme est à surveiller...
Le 15 septembre de grand matin nous recevons dix blessés allemands…Les marocains font une mine affreuse en voyant le costume prussien ; veulent zigouiller...
Les allemands sont de grands blessés quelques-uns terriblement... ces hommes profitent de la commisération que tout être doit avoir à celui qui souffre. Ils sont soignés et partagent le bon ordinaire des soldats français moins le dessert et le tabac….Mais les marocains roulent des yeux et montrent des dents féroces : il sera difficile d’empêcher un drame.»Tact et diplomatie : il n’y a pas eu de drame.
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Remerciements :
La guerre est finie. L’hôpital a fermé. Il importait alors de remercier tous ceux qui ont contribué à la bonne marche de l’établissement : personnel soignant mais aussi les généreux donateurs (notables, négociants, etc.). Beaucoup de noms connus comme faisant partie de la bonne société bordelaise. D’autres, des commerçants, dont il convenait de signaler la générosité et le désintéressement.
Une liste de blessés difficile à établir.
L’auteur cite des noms de blessés - il note certains décès. Ces derniers sont repérables sur le site « Mémoire des hommes ».
On peut regretter de ne pouvoir établir une liste même partielle des bénéficiaires de l’hôpital. Les prénoms ne sont pas notés ce qui limite toute recherche.
(02/2015)